Le comité de rédaction de la revue Studia Romanica Posnaniensia lance un appel à contribution pour le numéro 47/4, à paraître en décembre 2020, intitulé
Décrire la vie et le vivant au XVIIIe-XIXe siècles
Responsables du numéro : Barbara Łuczak et Marta Sukiennicka
Dès le XVIIIe siècle, les rapides progrès des sciences naturelles modifient la compréhension de la notion de vie et de son développement historique sur Terre. Au cours du XVIIIe et XIXe siècles, les découvertes de Buffon, Cuvier, Lamarck, Darwin et de Pasteur résonnent non seulement dans l’espace du débat scientifique et médiatique, mais aussi dans la littérature, en infléchissant son mode de représenter le réel : elles stimulent l’imagination des écrivains qui mobilisent les nouveaux savoirs dans leurs œuvres. La référence à la science apparaît désormais comme un passage obligé, un nouveau topos littéraire de la modernité : que ce soit pour la moquer ou la magnifier, la parodier ou l’expliquer au contraire, l’écrivain se réfère à la nouvelle vulgate des sciences du vivant.
Parallèlement, dans le domaine de l’écriture scientifique, on discerne une empreinte littéraire, un penchant du scientifique à métaphoriser ou poétiser les phénomènes du vivant. L’écriture de la vie en régime de nouvelles sciences se réalise en effet comme une pratique discursive bien ancrée dans la tradition littéraire, avec ses procédés poétiques et rhétoriques. Elle peut être analysée comme une pratique linguistique qui n’est jamais neutre ni transparente et qui obéit à une structure rhétorique propre qu’il s’agirait de dégager.
En privilégiant ces deux axes thématiques, nous souhaitons engager une réflexion sur la multiplicité et la réciprocité des transferts entre les sciences du vivant et la littérature dans le contexte des cultures romanes au XVIIIe et XIXe siècles.
Les questions que nous proposons d’aborder dans ce volume sont les suivantes (à titre indicatif) :
- comment l’usage littéraire des sciences naturelles et biologiques modifie, actualise ou déforme le discours scientifique sur le vivant ? Quelle est la fonction de ces modifications (parodie, polémique, vulgarisation, etc.) ?
- comment la représentation littéraire de la vie (humaine, animale, végétale…) change-t-elle sous l’influence des travaux scientifiques ? Quels êtres nouveaux peuvent s’introduire dans l’univers poétique ou romanesque grâce au progrès de la biologie
(p. ex. le virus, la bactérie) ? Les savoirs du vivant contribuent-t-ils à désenchanter ou réenchanter le monde ?
- comment le discours des sciences du vivant modifie-t-il les notions et la critique littéraires ? Quelle influence a-t-il sur les genres narratifs et romanesques ?
- comment, à partir des notions biologiques, les écrivains se mettent-ils à imaginer la préhistoire et l’avenir du vivant ? Dans quelle mesure les sciences du vivant informent les nouveaux genres littéraires (p. ex. le roman préhistorique ou le récit d’anticipation) ?
- comment les écrivains s’approprient-ils le nouvel éthos de l’homme de science ?
- les nouvelles représentations littéraires du vivant servent-elles une cause politique, religieuse, idéologique ? Comment le discours scientifique appuie et accrédite des théories politiques ou des idéologies ?
- quels sont les modèles littéraires et narratifs employés dans le discours scientifique sur le vivant ? Les découvertes scientifiques s’inscrivant souvent dans un contexte de vive polémique, comment leurs auteurs rendent-ils leurs textes plus persuasifs, et à quel prix ?
- quelle est la place de l’imagination et de l’imaginaire dans l’invention scientifique et comment se traduisent-ils dans les textes des savants ? Comment la littérature s’approprie cet imaginaire scientifique ?
- comment le discours scientifique change-t-il dans le régime de vulgarisation ? Dans quel but et à qui s’adresse-t-il ?
Les articles doivent être rédigés en français ou espagnol (25 000 signes, espaces comprises). Ils seront soumis à l’évaluation par deux experts indépendants.
Calendrier
– Soumission des propositions (résumés d’articles) : 1 septembre 2019
– Communication de l’acceptation des propositions d’articles : 1 octobre 2019
– Soumission des articles complets : 31 janvier 2020
– Retour des évaluations : juin 2020
– Soumission des articles révisés : 31 août 2020
– Publication : décembre 2020
Les propositions d’articles (nom, prénom, affiliation, adresse électronique de l’auteur, titre de l’article, résumé max. 300 mots) sont à envoyer aux deux adresses suivantes : basia@amu.edu.pl, marta.sukiennicka@amu.edu.pl
Les auteurs dont les articles auront été acceptés en seront avisés par e-mail.
Les articles soumis à la publication doivent respecter les consignes de rédaction que vous trouverez à l’adresse suivante :
http://pressto.amu.edu.pl/index.php/srp/about/submissions