« [l]’intelligence artificielle n’existe pas. Si nous devons garder cet acronyme, l’IA ne doit plus signifier “intelligence artificielle”, mais “intelligence augmentée". » Luc Julia
Le comité de rédaction de la revue Studia Romanica Posnaniensia lance un appel à contribution pour le numéro 54/2, à paraître en juin 2027, intitulé Traducteur et nouvelles technologies. Responsables du numéro : Barbara Walkiewicz, Justyna Woroch.
La mission du traducteur fait preuve d’une noblesse constante depuis la nuit des temps. Les traducteurs se sont toujours distingués par le désir profond de rendre le savoir et la culture accessibles, de rapprocher les individus et les communautés, de partager les découvertes, de créer des liens, de favoriser la compréhension mutuelle et de franchir les frontières –linguistiques, culturelles et humaines.
Cependant, l’évolution fulgurante des technologies de l’information et de la communication transforme en profondeur le rôle, les pratiques et même l’identité du traducteur, modifiant aussi la perception du métier. L’intelligence artificielle, la traduction automatique neuronale, les outils de TAO, les corpus multilingues ou encore les environnements collaboratifs redéfinissent les frontières entre l’humain et la machine, entre créativité et automatisation. On pourrait croire que le métier de traducteur est voué à disparaître, que les nouvelles technologies, menées par l’intelligence artificielle, feront des traducteurs les vestiges d’un passé révolu, limités par leurs contraintes temporelles et leurs capacités restreintes de traitement des données.
Pourtant, ces mêmes technologies peuvent être perçues autrement : elles sont désormais à portée de main, elles incarnent la réalisation d’anciens rêves, servant « d’intelligence augmentée » au traducteur / interprète, doté désormais de superpouvoirs inouïs. Plutôt que d’être perçues comme une menace, elles peuvent offrir au traducteur de nouvelles perspectives, de nouveaux outils et de nouveaux défis à relever, en propulsant le métier vers une transformation plutôt que vers sa disparition. Bref, elles valorisent la traduction humaine sans pour autant la marginaliser, octroyant au traducteur un nouveau statut « dans l’écosystème linguistique du XXIe siècle : non plus exécutant, mais l’architecte du dialogue interculturel à l’âge technologique » (Tarchouch, Chalfi 2025).
Nous souhaitons jeter de la lumière sur la confrontation du traducteur et des nouvelles technologies, en invitant à la réflexion autour des questions suivantes, mais sans nous y limiter :
- Comment le métier de traducteur se transforme-t-il face à l’automatisation croissante et à l’essor de l’intelligence artificielle ?
- En quoi ces mutations redéfinissent-elles les compétences requises et reconfigurent-elles l’identité professionnelle du traducteur ?
- Quels sont les enjeux éthiques et déontologiques soulevés par l’usage des technologies dans la pratique traductive ?
- Comment les nouvelles technologies influencent-elles les pratiques traductives (notamment la post-édition, la traduction collaborative ou le crowdsourcing) ?
- De quelle manière la qualité, la créativité et le style peuvent-ils être préservés ou repensés dans un nouveau contexte technologique ?
- Les progrès technologiques qui sont censés remplacer les traducteurs humains vont-ils, au contraire, mettre encore plus en évidence leur valeur irremplaçable ?
- Comment les outils numériques et les systèmes de TAO peuvent-ils être intégrés de manière pertinente dans les programmes de formation en traduction ?
- Quelles compétences technologiques et critiques la formation des traducteurs doit-elle désormais favoriser ?
- Comment les méthodologies numériques et l’exploitation de corpus multilingues renouvellent-elles la recherche en traductologie ?
- Quelles nouvelles perspectives épistémologiques émergent en traductologie sous l’influence des technologies numériques ?
Le présent numéro de Studia Romanica Posnaniensia accueillera des contributions proposant des réflexions sur le traducteur face aux nouvelles technologies dans le cadre de différents champs de communication : écrite, orale, spécialisée, audiovisuelle, artistique, médiatique, multimédia, etc.
Julia, L., (2019). L’intelligence artificielle n’existe pas, Paris : First, p. 55.
Tarchouch, M., Chalfi, R., (2025). « Les perspectives professionnelles de la traduction à l’ère de l’intelligence artificielle », Revue de l’intelligence artificielle et du développement territorial durable, Vol. 2 No 01, p. 18, URL : https://journals.imist.ma/index.php/riadd/article/view/4440, 20.10.2025
Calendrier
Soumission des propositions d’articles : 31/12/2025
Décision du comité de lecture : 10/01/2026
Soumission des articles complets : 24/05/2026
Retour des évaluations : 30/08/2026
Retour des articles révisés : 15/10/2026
Publication : juin 2027
Langue de publication : français
Les résumés d’articles (nom, prénom, affiliation, adresse électronique, titre, résumé
de 1200 signes espaces comprises, 4-5 mots-clés, 4-5 références bibliographiques) sont
à renvoyer à : barwal@amu.edu.pl, j.woroch@amu.edu.pl .