Le numéro 49/4 (2022) de la revue Studia Romanica Posnaniensia sera consacré à l’étude du lexique français en perspective comparative avec les lexiques d’autres langues et au rôle que jouent dans cette étude différents types de corpus : à commencer par des listes préétablies (tel un dictionnaire), pour passer aux textes de langue générale ou de spécialité collectés à la main, jusqu’aux (grands) corpus électroniques annotés, oraux et écrits, et le Web.
D’un côté, le mot corpus garde une acception large selon laquelle il désigne tout « ensemble d’éléments sur lequel se fonde l’étude d’un phénomène linguistique » (Dalbera, 2002), de l’autre, la révolution technologique qui s’est produite ces dernières décennies a rendu accessibles des collections de données textuelles de grande taille, ce qui fait que par corpus on entend souvent dire collection ordonnée de productions linguistiques (v. p.ex. Baude, 2006).
Or, s’il est évident que ces différents types de corpus facilitent l’analyse et la description des langues et que donc leur intérêt en sciences du langage est immense, l’on n’est pas forcément d’accord sur la manière dont les corpus devraient être utilisés : si certains exploitent les corpus afin d’illustrer leurs affirmations théoriques (approche corpus-based), d’autres les utilisent afin de tirer des conclusions, appuyées souvent sur des méthodes statistiques, et valider les résultats (approche corpus-driven) (Tognini-Bonelli, 2001). Ainsi, quant au corpus utilisé précisément pour l’étude du lexique, « doit-il être illustratif, fournissant des exemples qui prendront place dans les rubriques prévues par l’analyse, ou moteur de description, servant à construire le cadre d’analyse : en un mot, heuristique ? » (Cappeau et Gadet, 2007). La question est d’autant plus complexe qu’il s’agit pour nous de voir comment les corpus peuvent enrichir les analyses comparatives.
Nous nous intéressons tant aux approches qu’aux résultats des travaux visant l’approfondissement des connaissances du lexique en perspective comparative, y compris du lexique spécialisé ou spécifique pour un groupe (ou une communauté) donné(e). Nous accueillerons des contributions proposant des réflexions sur les thèmes tels que :
- le rôle de l’usage textuel dans l’analyse du lexique en perspective comparative (sémantique lexicale vs. approche textuelle) ;
- l’usage et les variations sémantiques d’une unité lexicale ;
- la néologie et/ou l’évolution du lexique, la variation formelle ;
- les lexiques et les terminologies émergents (p.ex.: Covid-19) ;
- l’étude de terminologies, technolectes et jargons ;
- le rôle des corpus dans la lexicographie et la terminographie, la construction des glossaires et des thésaurus (i.e. français vs. autre(s) langue(s)) ;
- le choix de type de corpus dans les analyses lexicales, notamment, contrastives (petits vs. grands, parallèles vs. comparables, monolingues vs. multilingues, annotés ou non, etc.) ;
- l’utilisation du corpus dans l’enseignement du lexique (p.ex.: les corpus d’apprenants et académiques) ;
- les bonnes pratiques dans l’utilisation des corpus pour l’étude du lexique;
- les défis méthodologiques liés à la constitution et à l’utilisation des corpus (p.ex.: taille et représentativité, homogénéité et hétérogénéité des corpus, choix des outils d’analyse).
La liste des questions suggérées ci-dessus n’est pas exhaustive et reste ouverte à d’autres pistes d’étude possibles.
Quelques références :
Azzopardi, S. (éd.), (2010). Cahiers de praxématique. Corpus, données, modèles, vol. 55.
Ballard, M. & Pineira-Tresmontant, C. (éds.), (2007). Les corpus en linguistique et en traductologie. Artois Presses Université.
Baude, O. (éd.) (2006). Corpus oraux, Guide des bonnes pratiques. Paris, CNRS Editions.
Biber, D. (1988). Variation across Speech and Writing. Cambridge. CUP.
Cappeau, P. & Gadet, F. (2007). L’exploitation sociolinguistique des grands corpus: Maître-mot et pierre philosophale. Revue française de linguistique appliquée, vol. XII/1, p. 99-110.
Charaudeau, P. (2009). Dis-moi quel est ton corpus, je te dirai quelle est ta problématique, Corpus, 8, Corpus de textes, textes en corpus, p. 37-66.
Condamines, A. (2005). Linguistique de corpus et terminologie, Langages, 157, DOI: 10.3917/lang.157.0036.
Corpus (2018). 18/2018: Les petits corpus.
Dalbera, J-P. (2002). Le corpus entre données, analyse et théorie. Corpus 1, p. 89-105.
Frey, C., Latin D. (1997). Le corpus lexicographique. Méthodes de constitution et de gestion, De Boeck Supérieur.
Gadet, F., Guérin, E. (éds.) (2015). Langage et société, 2015/4 (154) (Terrains, données, théorisations), Éditions de la Maison des sciences de l’homme.
Granger, S. (2007). Corpus d’apprenants, annotation d’erreurs et ALAO. Une synergie prometteuse, Cahiers de lexicologie, Vol. 91, no. 2, p. 117-132.
Habert, B., Nazarenko, A. & Salem, A. (1997). Les linguistiques de corpus. Paris : A. Colin.
Kraif, O. (2014) Corpus parallèles, corpus comparables : quels contrastes ?. Informatique et langage. Université de Poitiers. HAL Id: tel-01184585.
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Rastier, F. (2001). Arts et sciences du texte, Paris : PUF.
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Tutin, A., Jacques, M.-P. (2018). Le lexique scientifique transdisciplinaire : une introduction. Jacques, M.-P. & Tutin, A. (éds). Lexique transversal et formules discursives des sciences humaines, ISTE Editions, p. 1-26.
Williams, G. (éd.) 2005. La linguistique de corpus, Rennes : PUR.
Calendrier :
Soumission des propositions de 1200 signes, espaces compris (résumé, mots clés, références bibliographiques) : 30 mars 2021
Décision du comité de lecture : 30 avril 2021
Soumission des articles complets (de 26000 à 35000 signes espaces compris) : 30 septembre 2021
Retour des évaluations : 30 décembre 2021
Retour des articles révisés : 30 avril 2022
Publication : décembre 2022
Langue de publication : français
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