Abstrakt
Cet article se compose de deux parties. Dans la première (chapitres I-III) nous présentons les faits prouvant la contribution des villes polonaises à la formation de la communitas des états du Royaume de Pologne à partir du milieu du XIVe s. jusqu'a la fin du XVe s. Les villes les plus importantes de Pologne, et surtout Cracovie, sa capitale, constituaient, au temps du dernier des Piast — Casimir le Grand (1333-1370), un état jouissant d'une certaine considération. Elles étaient de ce fait présentes avec le clergé et les seigneurs, en tant que garants, pour la conclusion du Traité de Kalisz avec l'Ordre teutonique en 1343. Leur rêle s'est particulièrement manifesté au temps de Louis 1er (maison d'Anjou), souverain de la Hongrie et de la Pologne de 1370 à 1382, lequel sollicita leur appui pour la succession de ses filles.
Les villes ne furent cependant pas englobées par le grand privilège accordé à l'état noble en 1374, et seules quelques unes d'entre elles reçurent des privilèges séparés (1375, Cracovie). La participation des villes les plus importantes à l'élection d'un nouveau souverain fut néanmoins universellement acceptée. En 1384, pendant l'interrègne, elles devinrent membre de la confédération polonaise de Radomsko, constituée pour maintenir l'ordre public. La contribution des villes polonaises s'est principalement marquée en 1425-1434, lors de l'élection du prince Władysław Jagellone, où elles jouèrent un rôle essentiel. Durant les années 1411-1466 elles servirent de garants à cinq traités conclus avec l'Ordre teutonique. Elles participèrent également aux diètes générales de l'unique Chambre, aux côtés du clergé, des seigneurs et de la noblesse, prenant part aux décisions monétaires ou relatives aux impôts. On n'arriva cependant pas à cristalliser une forme stable d'Assemblées des villes polonaises et celles-ci ne s'unifièrent jamais pour résoudre leurs problèmes communs.
Ce qui était surtout dû au net particularisme des villes plus importantes ainsi qu'à la possibilité pour les bourgeois plus riches de passer à l'état noble. En 1454, la noblesse moyenne obtint de Casimir Jagellone les dits privilèges de Nieszawa, qui lui assuraient l'accord des diétines terriennes lors de rétablissement de nouvelles lois, et qui contenaient également des articles anti-urbains soumettant les bourgeois à la juridiction terrienne pour la pénalisation des crimes. Au cours de la seconde moitié du XVe s. les villes se virent enlever le droit de participer à l'arrêt des décisions relatives aux impôts, ainsi qu'à la diète générale des deux Chambres en train de se constituer, dans laquelle seule Cracovie, la capitale, fut admise en raison des droits terriens qu'elle possédait (plus tard, Wilno, Lwów et Lublin également), mais sans influence réelle sur le cours des sessions.
Dans la partie II, on analyse le rôle tout différent des grandes villes qui prirent leurs débuts dans les limites de l'Etat de l'Ordre teutonique, en Prusse, au XIIIe s. jusqu'à la moitié du XVe s., avec Toruń, Elbląg et Gdansk en tête. Ces grandes villes prussiennes (7 au total) dont le développement se basait jusqu'au début du XVe s. sur le grand commerce de la Baltique et du transit avec la Pologne, dans le cadre de l'Association des villes hanséatiques, ne participaient pas — tout comme la noblesse prussienne d'ailleurs — au gouvernement du pays, car le pouvoir y était monopolisé par les frères de l'Ordre teutonique, retardant la formation d'une représentation des états prussiens. Grâce à l'expérience apportée par l'organisation antérieure des villes (Hanse), elles formèrent à partir du XVe s. un corps d'opposition contre le pouvoir de l'Ordre teutonique, et conduisirent à la création d'une confédération commune avec la noblesse appelée Confédération Prussienne (1440). Celle-ci était une représentation complètement organisée des différents états de l'Etat de l'Ordre teutonique en Prusse, ayant pour but la défense contre les abus des fonctionnaires de l'Ordre dans le domaine de la justice, du commerce et de l'artisanat. Elle tendait, par conséquent, à exercer une influence réelle sur le gouvernement du pays et, dans le cas des villes, à obtenir des privilèges d'autonomie et de propriété terrienne plus larges.
Au total, 62 villes appartinerent à la Confédération Prussienne. Les représentants des grandes villes y jouèrent un rôle primordial pendant la lutte politique et juridique contre le pouvoir de l'Ordre teutonique et provoquèrent une insurrection armée et la soumission des états prussiens en Pologne en 1454. Dans les limites de la province polonaise, appelée Prusse Royale (1466-1772), trois villes importantes (Gdańsk, Elbląg et Toruń) qui, après le Traité de Toruń de 1466, se trouvèrent sous le pouvoir direct de l'Etat polonais, occupaient en permanence une place au Conseil prussien — organe autonome principal de la province prussienne, partie de la Diétine Générale. Après 1569, dans le cadre de l'„Union Parlementaire" entre la Prusse Royale et la Couronne polonaise, les grandes villes prussiennes siégeaient également à la Chambre haute de la diète polonaise, c'est à dire au Sénat. Ceci découlait de la position soclo-économique prépondérante des villes prussiennes en comparaison avec les villes centrales du Royaume de Pologne, due à leur situation côtière et au développement plus conséquent de leur commerce.
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