Abstract
J. F. Niermeyer met en tête de son ouvrage Mediae Latinitatis Lexicon Minus une épigraphe de Fustel de Coulanges: „Ces études de mots ont une grande importance dans la science historique. Un terme mal interprété peut être la source de grandes erreurs". Il en résulte que celles-ci doivent leur origine au caractère polysémique des mots. Nous voulons en révéler quelques exemples.
1. Un des plus fréquents termes du latin médiéval est le privilegium, d'où le privilége (fr.), przywilej (pol.). Sa valeur moderne, signalée par Larousse est suivante: avantage spécial, prérogative. C'est uniquement dans le même sens que le substantif est employé par les juristes polonais d'aujourd'hui. Cependant le latin médiéval lui attribue, pour la plupart des cas, une autre signification: charte, document, diplôme. Il en est de même avec ses dérivés: privilegiare, privilegiatus. Une advocatia (scoltetia) privilegiata ne signifie donc pas une mairie de village privilégiée. C'est simplement la mairie pourvue d'une charte, privilegio munita. Il en est de même si l'on parle du molendinator privilegiatus, cmethones (paysans) privilegiati, statera privilegiata, même libertates privilegiatae, ordinatio privilegiata, ius privilegiatum, constitutio privilegiata, summa privilegiata et de beaucoup d'autres. Ajoutons que l'expression molendinum privilegiatum est parfois remplacée par une autre: habet privilegium. On lit par exemple dans les Visitationes bonorum que le contrôleur demande, à chaque instant, la démonstration de la charte qui prouve la liberté alléguée par des paysans: (les serfs) teneritur laborare ex privilegio medium diem continuis diebus; iuxta ipsorum privilegium solvunt; iuxta privilegii dispositionem. On trouve surtout ces expressions lorsqu'on parle des maires: sed sit videndum privilegium; videat archiepiscopus domus istius privilegia. La situation de ceux-ci devient bien précaire, si privilegium scolteti non habent; privilegium non potest sciri, ubi sit. S'ils ont perdu la charte soit par l'incurie (item habet villa haec advocatiam privilegiatam, cuius privilégium truncatum est infrascriptum; hoc. privilegium est vetustate consumptum et sigilla per mures destructa), soit — le plus souvent — infausto casu voragine ignis, ils doivent le prouver: privilegia producent archiepiscopo; solvant aut doceant de exemptione; ergo suo tempore videat archiepiscopus suum et illorum ius. S'ils ne le prouvent pas la prétendue liberté est considérée comme nulle et les advocati putativi sont relégués de leur poste. Quand ils ont démontré leur droit, rogat scoltetus eiusdem privilegii innovationem; privilegium nullum habeas, petit sibi privilegium dari, l'archevêque ordonne l'expedition d'une charte nouvelle, privilegium dare et extradere; scoltetiam privilegiare; donatus est privilegio novo. Si l'on accepte cette interprétation, on comprend facilement l'intention du scrybe qui écrit: censetur dicta advocatia esse ficta, quia in villa Calynicze ipse advocatus, quamvis sit privilegiatus, tamen, nullam facultatem iuris Theutunici habet.
2. Quand on lit du principalis advocatus, on est tenté, tout d'abord, d'attribuer à cette expression la signification du maire principal qui s'opposerait à son lieutenant présomptif, à son surogator. Cependant, pour le scrybe, cette expression s'identifie à l'advocatus primus, celui qui acheta la mairie au moment de la fondation du village et qui fut, par conséquent, Vadvocatus in principio. Celui-ci resta en contraste an scoltetus modernus, scoltetus nunc residens, c'est à dire au maire en function au moment du contrôle.
3. Un des historiens prétend d'avoir prouvé l'existence du paganisme en Pologne vers la fin du 13e siècle, même parmi les chevaliers. Il l'affirme, ayant pris pour base le texte suivant: un certain chevalier, nommé Łękomir, prit dans son testament du 1271 la résolution: de villa autem Lanchomiry — — unam partem tocius videlicet hereditatis ac omnes res mobiles — — censeantur uxori mee, que me de paganismo redemit, nomine Dobrozlava. On voit qu'il a pris de paganismo redimere au sens figuré de convertir. En réalité il s'agit de la délivrance du chevalier, au moyen du rançon, des mains d'un peuple païen, non déterminé, du reste, par la charte.
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