Idéologie de la Rèpublique des nobles en Pologne — avant-mur de la chrétíenté

Abstract

L'idéologie de la Pologne comme avant-mur de la chrétienté, qui jusqu'à présent n'intéressait pas spécialement les chercheurs, était une construction de plusieurs dimensions, riche en différents contenus, possédant sa propre histoire, changeant ses fonctions. Il est plus aisé de l'apprécier en tant que fragment de l'histoire de la pensée religieuse et politique. Elle constituait un produit de contre-
réformation et en même temps on peut la considérer comme importation du Moyen Age. C'est l'idée de la construction organique du monde civilisé, c'est-à-dire chrétien, ainsi que l'idée de croix, qui y étaient enfermées, qui portaient l'empreinte médiévale. L'idéologie en question appartenait à ces constructions théoriques dans lesquelles la religion et la politique ne faisaient qu'un. C'était en même temps une construction très élastique et variable, qui permettait de conserver la vitalité dans le réel changeant. Elle exprimait les aspirations de la papauté et les insuffisances de la souveraineté de la République. Elle proclamait la subjectivité de l'Eglise universelle en tant que patrie et soumettait les buts temporels aux célestes.

Il est plus difficile d'apprécier cette idéologie au point de vue du rôle qu'elle joua dans l'histoire politique de l'ancienne République. Elle marqua sa présence en combattant la réformation et la tolérance polonaise. Elle servait la politique irréaliste qui n'était pais toujours conforme à la raison dé l'Etat polonais. En attirant l'attention sur la Turquie, comme principal adversaire de la Pologne, elle limitait l'activité en Oueste et au Nord, éloignant la question de la reconquête de la Prusse Orientale et de la Silésie. Elle symbolisait le provincialisme de l'Eglise en Pologne, qui peu à peu cessait de compter dans la vie de l'Eglise Universelle. L'idéologie de la Pologne comme avant-mur de la chrétienté était un élément composant d'idéologie étatique dans les temps où l'Etat tombait de plus en plus sous le gouvernement de la coterie de magnats. De l'autre côté cependant elle exprimait le patriotisme nobiliaire, était le facteur de l'intégration intérieure et le mot d'ordre en présence du danger. Dans la pratique elle n'excluait pas les contacts avec les pays de l'Est et même l'alliance avec la Turquie.

Le fait que cette idéologie était présente de pluisieures manières dans l'histoire encouragea quelques chercheurs aux considérations sur la mythologie d'avant-mur.