Joachim Lelewel sur le rôle du droit romain en Pologne

Abstract

Les opinions de Joachim Lelewel, le plus grand historien polonais du XIXe siècle, sur le droit romain ont une grande importance pour l’histoire tant de l’historiographie polonaise que de la culture juridique polonaise. Lelewel s’intéressait beaucoup dans sa recherche à l’histoire du droit, mais cet aspect de son oeuvre est peu examiné par les chercheurs. En appartenant au courant romantique de l’historiographie polonaise, cet historien attachait de l’importance particulière aux traits nationaux de l’ancien droit polonais et à son caractère indigène. C’est pourquoi il ne pouvait pas être un partisan de la thèse, qu’avait avancée son ami et l’un des fondateurs de la science polonaise de l’histoire du droit, Jan Wincenty Bandtkie, sur le grand rôle du droit romain au Moyen-Age polonais. Néanmoins, il s’intéressait au droit romain dès le début de son activité scientifique, en abordant les „Institutions” de Gaius récemment découvertes de façon plus engagée que les romanistes professionnels. Il faisait naturellement attention au droit romain dans ses ouvrages concernant l’histoire romaine. Au début de son activité scientifique, Lelewel relevait la connaissance du droit romain en Pologne du Moyen-Age et était prédisposé admettre l’influence de ce droit sur la codification promulguée par Casimir le Grand vers le milieu du XIVe siècle, en allant jusqu’à une reconnaissance du droit romain comme droit en vigueur en Pologne à titre supplétif. Puis, il a révisé ses opinions et réfuté toute thèse sur la vigueur subsidiaire du droit romain en Pologne; le droit romain, d’après lui, avait cependant joué un rôle  dans les essais de raffermissement du pouvoir princier dans la période du morcellement de la Pologne. Dans sa large étude sur le droit privé et pénal polonais du Moyen-Age, qu’il allait publier en France et en Italie, Lelewel se penchait beaucoup sur l’importance du droit romain pour la culture juridique du Moyen-Age polonais. Dans les ouvrages suivants, il démontrait que le droit romain n’avait jamais été en vigueur en Pologne, malgré son importance dans le domaine de culture juridique; telle est aussi, force est de le noter, l’opinion des historiens d’aujourd'hui. Les mêmes thèses étaient avancées par lui, lorsqu’il revenait de temps en temps aux problèmes du droit du Moyen-Age, dans les ouvrages qu’il a écrits en exil, après la chute de l’insurrection nationale de 1830 - 31 où il avait d’ailleurs joué un rôle considérable.