Abstract
La considération des „vérités de doctrine” romaines comme supratemporelles n’est pas une innovation de la réception moderne du droit romain. C’était dans le cadre de la doctrine romaine – qui, par contraste avec celle moderne, se servait souvent de jugements de vérité dans son discours dogmatique – que l’on considérait comme vraies les opinions des juristes éloignés dans le temps de 200 ou 300 ans. Cela était possible grâce à ce que l’on appelle „interprétation applicative” qui recherche dans le matériau historique une règle de comportement actuelle et on la retrouve pour le prix d’une déformation plus ou moins sensible des intentions de l’auteur de la source. Dans l’histoire du droit on connaît bien l’adaptation des anciennes sources romaines faite par les Pandectistes allemands ou bien l’adaptation du droit romain classique étant l’oeuvre de Justinien. En revanche, on ne se penche pas suffisamment sur l’adaptation de l’ancien droit romain dont s’occupaient les juristes classiques eux-mêmes.
La méthode en question, opposée à l’interprétation historique ne visant en principe que des objectifs purement Cognitivs, est typique de chaque dogmatique juridique. La dogmatique romaine la lie toutefois d’une façon très caractéristique avec l’histoire dans ce sens que – à cause de la structure particulière du système romain des sources de droit, et notamment du défaut d’une actualisation „courante” du droit par le législateur – le juriste romain devait remonter souvent à un passé éloigné pour déterminer la règle du droit en vigueur. Il ne concevait pas le passé comme histoire, et sa recherche comme historiographie, puisque le droit positif était pour lui un ensemble et les règles anciennes – si elles demeuraient en vigueur – étaient du domaine du „présent” juridique.
Le rôle de notre „législateur rationnel” étant joué, pour les Romains, par l’histoire (et, plus exactement, par la tradition), l’histoire devait subir une adaptation poussée ou, autrement dit, une dogmatisation pour que l’on puisse la mettre en concordance avec l’idée actuelle de rationalité.
La longue durée des „vérités de doctrine” romaines résulte dans de nombreux cas de leur caractère abstrait, mais cela se fait dans d’autres cas avec leur déformation qui, à cause de la continuité de la tradition savante (n’existant pas dans le cas de Justinien et, d’autant plus, des Pandectistes), n’est guère notée.
L’analyse détaillée permet toutefois de découvrir de nombreux anachronismes dans le traitement de l’oeuvre des juristes anciens par les classiques. Dans l’article on soumet à l’analyse notamment: Ulp. D.21,l,lOpr-l;D.9,2,9pr; Paul. D.18,1,1,1; D.41,2,3,3; Pomp. D.34,2,34pr; D.34,2,10.
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